Numérique et l’Economie Sociale et Solidaire : les embarras et voies de progrès

Jacques-François MARCHANDISE

Directeur de la recherche et de la prospective de la Fing

« En fait, il faudrait considérer que, si l’on résout le problème des plus pauvres,
c’est le problème de tous qu’on résout à plus ou moins longue échéance ».

Le numérique impacte toute la société, provoquant des changements sur les modes de travail et les industries de demain, l’ouverture des données publiques, faisant apparaître de nouvelles promesses et des risques,  touchant nos identités même. L’économie sociale et solidaire, reposant par nature sur des communautés de personnes, est fondamentalement concernée.
Rapport entre numérique et L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE: les embarras
On pourrait parler d’un gratuit « d’en bas » (économie de la contribution, des biens communs, des ressources inaliénables) et d’un gratuit « d’en haut » (économie de l’attention qui rémunère les gens pour réagir à des messages publicitaires, Facebook…). Il y a un conflit entre un modèle ancien protégeant le droit d’auteur et un modèle ouvert (par exemple les nouveaux modèles constitués autour de la musique). La concentration des canaux de distribution conduit à l’agonie progressive de cette distribution: on trouve toujours les mêmes livres dans les librairies ! Heureusement, on trouve d’autres canaux et Internet y contribue puissamment !
Selon l’analyse de Philippe Aigrain, le mouvement de privatisation de pans entiers de notre vie et de notre société, sans précédent, est une incitation forte à la standardisation ; il faut donc y avoir des contrefeux, un « socle non profit » pour que « des choses différentes poussent dessus », profitant de ce terreau. Les grands acteurs du numérique l’ont bien compris, qui sont de plus en plus présents dans les transformations urbaines. Ce sont eux qui vendent la ville de demain, dans une articulation public/privé/collectif. Cette logique, qui traduit la prégnance des partenaires privés qui nous font prisonniers de leurs schémas, mérite d’être interrogée. On pense parfois que, dans la « société de la connaissance » de demain, tout le monde va avoir accès au savoir, alors que, finalement, tout se monétise. Le numérique permet aussi de faire des copiés/collés de morceaux de chacun de nous (les « gestes brevetés »). Quelle interaction avec l’économie sociale et solidaire, qui a fabriqué l’éducation populaire ? Les acteurs du numérique ignorent l’ESS, et la réciproque est vraie. Comme pour la lutte contre la fracture sociale, il faudrait lever le malentendu autour de la fracture numérique. Les acteurs Internet ont tendance à penser qu’ils doivent « sauver des ignorants ». En fait, il faudrait considérer que, si l’on résout le problème des plus pauvres, c’est le problème de tous qu’on résout à plus ou moins longue échéance. La politique européenne de l’e-inclusion n’inverse pas cette tendance.
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