Le point sur le processus d’élargissement de l’Union européenne [Euradio]

Auteur : Lorène Weber

Chargée de Mission Finance et Jeunes

Bureau de Bruxelles de Confrontations Europe

Chaque jeudi matin, Confrontations Europe intervient sur les ondes d’Euradio pour un édito consacré à l’actualité européenne.

Le mois dernier, le processus d’élargissement de l’Union européenne a subi un revers : quatre Etats membres de l’UE ont bloqué l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Albanie et de la Macédoine du nord. Le point avec Lorène Weber, du think tank Confrontations Europe.

Euradio : Pouvez-vous dresser un état des lieux du blocage de l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Albanie et de la Macédoine du nord ?

L’Albanie et la Macédoine du nord ont le statut de candidat à l’adhésion à l’UE, depuis 2005 pour la Macédoine du nord et 2014 pour l’Albanie. Le 15 octobre dernier aurait pu marquer une nouvelle étape importante dans le processus d’adhésion à l’UE de ces deux pays : les ministres des Affaires européennes des 28 Etats membres étaient réunis à Luxembourg pour décider de l’ouverture ou non des négociations d’adhésion de ces deux pays. Dans ce cas de figure, comme prévu par l’article 49 du Traité sur l’Union européenne, après que la Commission européenne a rendu un avis favorable, ce qui était le cas ici, l’unanimité des Etats membres est ensuite requise, et elle n’a pas été atteinte. Le Danemark, l’Espagne, la France et les Pays-Bas s’y sont opposés, et ne sont pas revenus sur leur position à l’occasion du sommet européen, entre les chefs d’Etat et de gouvernement cette fois-ci, qui s’est tenu deux jours plus tard.

Les présidents des institutions européennes, à savoir Jean-Claude Juncker, Donald Tusk et David Sassoli ont d’ailleurs unanimement dénoncé une « grave erreur » ou encore une « erreur historique », tout comme Federica Mogherini, la Haute Représentante de l’Union, et les dirigeants d’autres Etats membres. Quant aux dirigeants et aux citoyens albanais et macédoniens, ils ont naturellement fait part de leur amertume.

Les pays réfractaires avancent l’argument de critères non remplis par l’Albanie et la Macédoine du nord, une position qui a été critiquée dans la mesure où l’ouverture du processus d’adhésion consiste justement en des négociations entre l’UE et les pays candidats visant à ce que ceux-ci remplissent tous les critères requis pour entrer dans l’Union européenne. Pour l’expliquer simplement, chaque pays candidat à l’adhésion doit mettre en œuvre l’acquis communautaire dans sa législation, c’est-à-dire l’ensemble des droits et obligations juridiques liant les Etats membres, à travers 35 chapitres correspondant aux différentes politiques et dispositions. La Serbie notamment, se trouve dans ce processus.

Euradio : A quelles conséquences peut-on s’attendre après ce refus d’ouvrir les négociations ?

Sans surprise, le refus de certains Etats membres est interprété par les gouvernements albanais et macédonien et par leurs citoyens comme une incapacité de l’UE à tenir ses promesses, les institutions européennes s’étant engagées à l’ouverture des négociations d’adhésion.

Ce message négatif envoyé par l’UE semble avoir eu comme première conséquence un renforcement de la coopération régionale entre l’Albanie, la Macédoine du nord, mais aussi la Serbie, qui souhaitent mettre en en place un « mini Schengen », un espace de libre circulation entre leurs pays. Effectivement, le refus d’ouvrir les négociations avec l’Albanie et la Macédoine du nord a également semé le doute en Serbie sur l’aboutissement des négociations d’adhésion de ce pays avec l’UE. Confrontations Europe organisait d’ailleurs un séminaire à Belgrade la semaine dernière, et une partie des jeunes Serbes ayant participé à notre séminaire étaient soit pessimistes quant à l’avenir de leur pays dans l’UE, soit défavorables à l’adhésion, préférant une coopération avec leurs pays voisins des Balkans. Le message envoyé aux citoyens est très négatif, et peut créer un certain euroscepticisme même au sein d’une jeunesse serbe, albanaise et macédonienne pourtant majoritairement favorable, d’après les statistiques, à rejoindre l’UE. Enfin, le risque qu’on prend est également que ces pays des Balkans se tournent vers la Russie plutôt que vers l’UE.

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