Des raisons d’être européen

Marcel GRIGNARD

Président de Confrontations Europe

Des consultations citoyennes consacrées à l’Europe vont se dérouler dans la majorité des États membres jusqu’en octobre prochain avant que nous ne basculions dans la campagne des élections du futur Parlement européen de mai 2019. Un nouveau Parlement européen et une nouvelle commission en coproduction avec le Conseil de l’UE auront alors la charge de mettre en œuvre une politique européenne dont nous ignorons largement la part de renouveau qu’elle inclura.

Nous consacrons une part importante de la revue à décrypter, proposer ce que pourrait concrètement être une Union européenne répondant mieux aux attentes, aux besoins tant dans les procédures que dans les politiques et leur mise en œuvre.

Derrière l’embellie économique et les discours volontairement européens, les fondamentaux des crises demeurent. La progression des replis nationaux se vérifie à chaque processus électoral. Dans cette Europe divisée, où dominent les intérêts domestiques, il va être extrêmement difficile de progresser et l’ambition de refondation risque de devenir bien pâle.

Si, comme cela semble probable, les progrès demeurent modestes, qu’ils s’inscrivent au moins sur la bonne trajectoire et ciblent les priorités susceptibles de répondre aux préoccupations des Européens. La direction à prendre est, à notre sens, assez évidente : alors que la Chine affiche de fortes ambitions et dispose de moyens à la hauteur, et que les États-Unis défendent coûte que coûte leurs intérêts, la seule voie pour les Européens est de faire ensemble en optant pour un développement en cohérence avec leurs valeurs et leur culture.

Partant de là, il devrait être possible de décider d’investir ensemble efficacement dans les domaines où se joue notre avenir : numérique, intelligence artificielle, transition énergétique… en y incluant l’indispensable investissement social. On ne redonnera pas le goût de l’Europe aux Européens sans que s’y traduise l’ambition de l’économie sociale de marché. Le rapport « Entreprise et Intérêt général » remis en mars au gouvernement par Nicole Notat et Jean-Dominique Senard(1) propose que chaque entreprise définisse « sa raison d’être » Nous partageons avec eux l’objectif d’en faire un enjeu européen face aux défis de la compétition mondiale. Une approche partagée de la finalité de l’entreprise en Europe mettrait en cohérence macro et micro dans une même ambition de refondation du projet européen.

Nous n’oublions pas non plus la zone euro. Les propositions pour améliorer sa gouvernance, assurer sa stabilité et son efficacité ne manquent pas et nous essayons de défricher un chemin possible et souhaitable préservant l’unité et la solidarité des Européens.

Les consultations citoyennes doivent permettre un diagnostic en profondeur des perceptions et attentes des citoyens. Souhaitons qu’elles permettent de définir des priorités, qu’elles soient un galop d’essai réussi qui retrace un possible futur européen. La participation des citoyens deviendrait ainsi un levier, une véritable réponse à la crise démocratique qui nous met en danger.

1) Jean-Dominique Senard est président du groupe Michelin, et Nicole Notat, ancienne secrétaire générale de la CFDT et présidente de Vigeo-Eiris.

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