Quelle dimension transnationale pour les élections européennes?

Lorène WEBER

Chargée de mission Finance & Jeunes, Confrontations Europe

La campagne des Européennes a débuté, comme les précédentes, c’est-à-dire sans que les enjeux européens y soient réellement évoqués. Cette année, deux partis – Le Printemps européen et Volt Europa – et revendiquent ouvertement une dimension transnationale mais semblent pour le moment peu séduire les électeurs.

Le 4 avril dernier, France 2 organisait un débat entre 12 candidats têtes de liste des partis français se présentant aux élections européennes. Si l’on peut alors considérer que les Français sont relativement bien informés sur les partis et candidats français, la dimension européenne et transnationale de ces élections apparaît en revanche bien plus discrète, alors même que les représentants élus siègeront au Parlement européen.

De fait, les électeurs français vont effectivement voter sur les listes des partis politiques français pour élire leurs députés au Parlement européen, mais ces partis font partie d’une famille politique européenne (par exemple, Europe Ecologie Les Verts appartient au Parti vert européen), au sein de laquelle ils siègeront au Parlement. La plupart des partis politiques européens ont par ailleurs présenté des candidats têtes de liste (ou Spitzenkandidaten) pour le poste de Président(e) de la Commission européenne à l’issue des élections, élément souvent oublié dans la campagne.

Des partis transnationaux à défaut de listes transnationales

L’idée des listes transnationales, un tant émise, a été un projet mort-né. De fait, en février 2018, le Parlement européen avait voté contre la mise en place de telles listes pour les élections de 2019, c’est-à-dire contre une circonscription paneuropéenne qui aurait rassemblé des candidats de plusieurs Etats membres, et pour lesquels tout citoyen européen, peu importe le pays d’où il vote, aurait pu voter. En revanche, rien n’empêche un parti d’être transnational et paneuropéen, en coalisant plusieurs partis nationaux sous le même programme. C’est le choix qui a été fait par le Printemps européen et Volt Europa. Le Printemps européen rassemble notamment des membres de Génération.s en France, tous adhérents au programme du Printemps européen et qui, s’ils sont élus, siègeront dans le même groupe au Parlement. Le mouvement Volt Europa s’inscrit dans la même logique, en présentant des candidats dans 15 pays européens avec un programme unique.

La dimension transnationale se retrouve également dans le profil de plusieurs candidats, qui ont choisi de se présenter sur une liste non pas dans leur pays d’origine, mais dans un autre pays européen. Au sein du Printemps européen, par exemple, on trouve une Française candidate pour la Belgique, ou un Croate candidat pour l’Allemagne. Cela illustre la possibilité pour tout citoyen européen de se présenter aux élections européennes (et locales), peu importe le pays de l’UE où il réside. De fait, sur la liste LREM en France figure en 22e position l’ancien secrétaire d’Etat italien aux Affaires européennes et président de l’Union des fédéralistes européens, Sandro Gozi.

Des enjeux qui dépassent les frontières des États

Le Printemps européen ou Volt Europa ne sont pas transnationaux uniquement en raison de leur structuration ou du sentiment d’appartenance à l’Europe de leurs candidats. Leur programme est avant tout européen au sens où, pour ces partis, seul l’échelon européen est à même de répondre aux enjeux actuels.

Le programme du Printemps européen prône ainsi un Green New Deal (un programme d’investissement vert pour accompagner la transition écologique en Europe qui s’inspire de l’initiative des jeunes Démocrates américains), une réforme de la politique agricole commune (PAC), un régime d’asile européen commun, la finalisation de l’union bancaire, un pacte de solidarité, la construction d’une souveraineté technologique européenne, l’adoption de législations pour les droits des femmes et des personnes LGBT+, la lutte contre les paradis fiscaux… Volt Europa est en faveur de la constitution d’une armée européenne, de la protection des journalistes et des lanceurs d’alerte, de programmes d’investissement dans l’intelligence artificielle. Vol est également pour un approfondissement d’Erasmus+, un modèle d’économie verte et circulaire, une réforme de la PAC, un régime d’asile européen… Autant d’enjeux qui dépassent le simple cadre national.

En termes de réformes institutionnelles, le Printemps européen souhaite convoquer une assemblée constituante pour établir une nouvelle Constitution pour l’Europe, soumise au vote des citoyens européens à l’occasion d’un référendum paneuropéen. Volt Europa, de son côté, plaide pour l’évolution de l’Union européenne vers une Europe fédérale et la mise en place d’un gouvernement européen.

Seule incertitude mais de taille : ces partis parviendront-ils à réunir suffisamment de suffrages pour envoyer des députés au Parlement européen ? En France, un parti doit recueillir au moins 5% des suffrages pour être élu, et à l’heure actuelle, Génération.s n’est crédité selon les instituts de sondage, que de 3 à 4% des intentions de vote, et Volt France n’y est même pas mentionné (si ce n’est dans la mention « autre liste », celles réunissant moins de 2% des suffrages)…

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